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Les donnéesExclusion des artistes, opacité et fonctionnement interne du système français Par Ph. Declerck
A. Système français pris dans sa globalité (résumé)
A.1. Exclusion des artistes A priori, comme les commissions opèrent par vote, si elles ont autour d'une douzaine de membres, les artistes sont toujours minoritaires et n'ont aucune possibilité d'action ou de se faire entendre. Ces données montrent clairement un fonctionnement dirigé par des spécialistes de l'histoire de l'art que l'on peut supposer encore actuel. La majorité des conseillers artistiques régionaux ont un diplôme de sciences humaines et une expérience d'organisateur de manifestations ou de critique d'art. A.2. Opacité du système français La rétention d'informations est une caractéristique forte du système français et en particulier des FRAC comme a pu le constater des sociologues et des artistes : - la sociologue Nathalie Heinich (Les cahiers de médiologie, 11, 2001) - le sociologue Alain Quemin (rapport à la demande du ministère des affaires étrangères, "le rôle des pays prescripteurs sur le marché et dans le monde de l'art contemporain", 7 juin 2001) - Le CAAP : Comité des Artistes-AuteursPlasticiens (enquêtes de mars et novembre 2001, L'info Noir/blanc 21 et 24) - l'artiste et professeur Fred Forest (Fonctionnement et dysfonctionnements de l'art contemporain : un procès pour l'exemple" L'Harmattan, Paris 1998)
A.3. Fonctionnement interne Avec les informations disponibles, on peut soupçonner un fonctionnement interne souvent peu démocratique comme le montre l'étude des aides individuelles à la création. Il faut toutefois se garder de généraliser à toutes les régions en raison de leur diversité.
B. Les institutions
B.1 FRAC Description Décentralisés dans les 22 régions, les FRAC (fonds régionaux d'art contemporain ) sont les seuls dispositifs d'acquisition systématique réservés exclusivement à l'art contemporain. Les FRAM (fonds régionaux d'acquisition des Musées) ne se consacrent que partiellement à l'art contemporain. Absence des artistes Ayant le monopole de proposition, le comité technique a un rôle central. Sa composition est donc déterminante. - Dans [ P. Urfalino et C.Vilkas 95], on constate sur 3 régions, l'absence quasi totale des artistes à l'exception d'un designer et d'un spécialiste étranger vidéo en 87/88 et la présence écrasante de conservateurs et de critiques. Opacité des FRAC - Dans [ P. Urfalino et C.Vilkas 95], l'étude de 3 fracs a été possible sous couvert d'anonymat - Pour le rapport de Alain Quemin (7 juin 2001), seuls 3 fracs ont répondu malgré que ce rapport soit à la demande du ministère des affaires étrangères. Seuls les FRAC non frontaliers ont été contactés. (voir pages 26, 33, 208, postface du livre) - Pour l'enquête du CAAP de novembre 01, seuls 2 fracs ont répondu. Le président des associations des frac Emmanuel Latreille a envoyé une lettre méprisante au CAAP pour tenter de justifier le refus de répondre au questionnaire. Fonctionnement Cofinancé par l'état et la région, ceux-ci constituent 2 pôles d'influence dans l'acquisition des œuvres dans chaque FRAC.
B.2 Aides individuelles à la création Le CAAP a réalisé une enquête présentée en mars 2001 sur les aides individuelles à la création permettant de financer des réalisations de "jeunes" artistes. Cette enquête se présentait sous la forme d'un questionnaire résultat d'un long travail de préparation, envoyé aux différents Conseillers aux arts plastiques. Places des artistes dans les commissions régionales Les places vont de 0 sur 8 régions à, au mieux 2 sur une commission de 6 personnes. Opacité des réponses des conseillers Les réponses ont été souvent évasives et 8 régions n'ont pas donné de réponse. Seule Catherine Dubois (Nord-Pas De Calais) a répondu avec précision et diligence. Un fonctionnement interne peu démocratique Lorsqu'un artiste participe à une commission, c'est généralement un jeune artiste qui est choisi car il est plus facile à manipuler. Ces jeunes artistes ont déploré le manque de temps pour prendre connaissance des dossiers et n'ont pas eu l'impression de participer à la réunion qui leurs semblaient ni construites, ni préparées. Ils ont remarqué les incitations non dites ouvertement en faveur de tel ou tel dossier et une conclusion sans vote. Le conseiller aux arts plastiques mène souvent la danse en évitant que les membres puissent préparer la réunion : les informations sont données de manière que les membres ne puissent saisir les dossiers. Peu de régions ont des rapporteurs pour préparer les dossiers, c'est à dire que pour chaque dossier au moins une personne est désignée pour présenter le dossier (Auvergne-Rhône-Alpes , Ile-de-France) . Seul en Poitou-Charentes, les membres de la commission se déplacent voir les artistes. Certaines ont des fiches synthétiques mais données éventuellement pendant la réunion (Aquitaine-Limousin-Midi Pyrénées, Lorraine, Basse et Haute Normandie).
B.3 Palais de Tokyo. Le conseil d'administration est présidé par le critique Pierre Restany. Quelques artistes y ont un droit de vote, mais sont minoritaires. Le Palais de Tokyo est codirigé par deux critiques d'art. Un Article du Monde
B.4 Dap et établissements placés sous sa tutelle. (chiffres récents) FICHE 3 sur la présence d'artistes dans les instances consultatives auprès de la Dap et des établissements placés sous sa tutelle. Même si on ne dispose pas du nombre total de chaque commission, à chaque fois le nombre d'artistes est particulièrement bas comme dans le Jury de l'Académie de France à Rome. Fonds national d'art contemporain (commission consultative chargée des acquisitions pour les arts plastiques) Artistes nommés par le ministre. 85-87 : 3 artistes sur 12 88-02 : 2 artistes sur 13 Un collectionneur est toujours nommé tandis qu'il y aura un homme politique seulement de 85 à 90.
Opacité On notera le refus de collaboration avec le sociologue Alain Quemin, du représentant de la Délégation aux Arts Plastiques (page 236) contrairement à d'autres intervenants (Catherine Millet, représentants de l'institution commanditaire) . Par contre, il a pu accéder aux statistiques déjà établies par les responsables du FNAC. (page 26) Autres données D'après Georges Mathieu et vers 1996, le Centre national des arts plastiques CNAP est administré par 18 personnes et son Conseil artistique qui a un simple avis consultatif pour le CNAP n'a que 2 artistes sur 38 personnes. Il serait nécessaire de compléter l'étude sur les autres structures mais on peut noter que, par exemple, un professeur de philosophie (Yves Michaud à Paris I) a été directeur de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (1989-1996). Bibliographie - Les fonds régionaux d'art contemporain. La délégation du jugement esthétique. Philippe Urfalino et Catherine Vilkas, éditions L'Harmattan, 1995. - L'info Noir/blanc 21, bulletin des Artistes-AuteursPlasticiens, numéro 21, mars 2001. - L'art contemporain international : entre les institutions et le marché (Le rapport disparu) , (livre complétant le rapport à la demande du ministère des affaires étrangères, "le rôle des pays prescripteurs sur le marché et dans le monde de l'art contemporain", 7 juin 2001) , Alain Quemin, éditions Jacqueline Chambon/Artprice, 2002. |