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La démocratie en Art ? Réalisable ... en dehors de la France !

par Philippe Declerck

Maître de Conférences à l'Université d'Angers.



En dehors des possibilités de démocratie très directe du type "bulldozer-emprunté-sur-le-chantier-d'à-côté" (pas si rare que cela comme le montre l'exemple du parc des écrins dans les alpes françaises...), des possibilités plus globales existent comme les référendums largement pratiqués en Suisse. Le référendum de 1967 du canton de Bâle montre clairement que la démocratie en arts marche. Il portait sur l'acquisition de 2 tableaux de Picasso appartenant à des particuliers, nécessitant une dépense budgétaire supplémentaire. A cette époque, nombre d'amateurs d'art s'étaient émus de voir une telle décision confiée aux "masses incultes" (c'est à dire vous !). Mais le vote a été favorable et Picasso, touché par l'issue du référendum, offrit 2 autres tableaux ainsi que 2 dessins. Picasso était peut-être plus sensible à l'opinion de la population de Bâle qu'à l'opinion des spécialistes !

Une possibilité qui a également marché dans le passé pour des musées et des théâtres New-Yorkais ainsi que des théâtres canadiens est celle des bons permettant aux personnes intéressées d'assister à prix réduit ou gratuitement aux manifestations culturelles. Les institutions remettraient les bons reçus à l'administration qui modulerai les subventions selon la quantité et des lois à déterminer. Cela permettrait de tenir compte un peu de l'avis du public et de mettre une certaine concurrence entre les institutions. Les politiciens et les décideurs seraient libérés de l'épineuse responsabilité de l'estimation de la valeur culturelle des œuvres, des institutions,...

Ces exemples montrent la viabilité d'une démocratie en arts. Les artistes se sont enfin manifestés récemment en France pour plus de transparence et plus de démocratie. Pour l'instant, ils portent la chandelle lorsqu'ils existent dans les instances de décision. Face à eux, le système totalitaire fait bloc comme le montre par exemple le refus de répondre de la majorité des FRACs au questionnaire assez inoffensif du CAAP : ils ont eu besoin de resserrer les rangs et au garde-à-vous derrière leur président Emmanuel Latreille qui a adressé une lettre au CAAP dans le style "béton soviétique" montrant son mépris des artistes : tout pour les amadouer ! (voir le numéro 24 de novembre 2001 du CAAP disponible sur http://www.caap.asso.fr/ )

Et maintenant, si le peuple ou ses représentants politiques, brusquement s'occupait de l'argent public et demandait des comptes notamment sur le rayonnement artistique obtenu, de la France dans le monde, produit par tous ces investissements de l'état... Quelle panique pour ces décideurs !

Bien sûr, déléguer un peu de son pouvoir est difficile et les "spécialistes de l'art", qui parait-il ne sont pas les artistes qui n'y connaissent rien, sont bien accrochés à leurs sièges et à leurs avantages. Mais entre nous, vu le naufrage du navire comme le montrent les différentes analyses, c'est peut-être le bon moment de réellement refiler le bébé ! Ils pourront ainsi reporter la faute sur les autres : les artistes pas assez créatifs, le public inculte, le désintérêt des collectionneurs, l'état trop économe,... La routine quoi !

Philippe Declerck

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