colloque Artmedia VIII

"De l'esthétique de la communication à l'art sur Internet"

(décembre 2002)

Le Colloque International Artmedia VIII ( De l'esthétique de la communication …au Net Art) qui s'est déroulé au CFCE (Centre Français du Commerce Extérieur) s'est clôturé à l'ENS (Ecole Normale Supérieure) le 2 décembre 2002 sur le thème "Art et Cognition". Le succès public de ce colloque, comme la qualité des intervenants et de son organisation, en font désormais une manifestation de référence, dans le créneau des nouvelles technologies. Il est à remarquer que des institutions culturelles du type Beaubourg, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Palais de Tokyo, ou encore Galeries Nationales d'Art Contemporain, à qui reviendrait, logiquement, la responsabilité d'organiser de tels événements, sur une telle problématique, brillent par leur absence sur le terrain…On en vient à se demander, sur quels critères s'établissent leur programmation et de quel usage il est fait de l'argent public dont bénéficient si largement ces établissements ? Quand des francs-tireurs, initialement sans moyens, montent avec succès une opération du type colloque international Artmédia VIII, on est en droit de s'interroger, légitimement, non seulement sur la motivation et sur la compétence de ceux qui ont en charge la culture en France, mais aussi… sur les raisons de leur maintien dans ces fonctions ? Le rapport Quémin est assez édifiant à ce sujet. Et il n'est que de voir sur quels modèles fonctionnent les services relatifs aux nouvelles technologies, aussi bien à Beaubourg, qu'à la DAP (Délégation aux Arts Plastiques) pour être plongé dans la plus grande perplexité…Et s'il arrive que soit posée la question aux responsables en public, ils se refusent alors catégoriquement (comme c'est facile!) d'y répondre, sous prétexte que la question est… "polémique" (1). ( sic). Il a été d'ailleurs assez cocasse, et à la fois consternant, au cours du Colloque International d'Artmedia VIII (2) de constater combien faisait pâle figure nos conservateurs patentés des musées français, face à leurs homologues américains et anglais du Walker Art Center et de la Tate Gallery, en matière d'art sur Internet. C'était une démonstration, de fait, de leur inanité et de leur légèreté, dans un face à face qu'avaient très diplomatiquement évité les conservateurs du Centre Georges Pompidou (Alfred Pacquement), du Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain de Lyon (Thierry Raspail) où, encore, ceux de notre squatt National du Palais de Tokyo (Marc Sanchez). Le Palais de Tokyo en la personne de Nicolas Bourriaud, ayant préféré quant à lui s'esquiver élégamment sur la proposition d'un débat mettant en scène, les tenants historiques de l'esthétique de la communication et les protagonistes du marché, représentés par les créatures préfabriquées de l'esthétique, dite relationnelle (3) .

Il est à noter que ces services culturels-là, n'ont pas, à eux seuls, le monopole de l'inefficience. Les organisateurs d'Artmedia VIII ayant sollicité en leur temps, comme partenaire la BNF, comme lieu privilégié du colloque, au moment où celle-ci était encore dirigé par Jean-Pierre Rémy, se sont vus répondre qu'ils : "venaient dix ans trop tôt" ! (sic). Pauvre France !

Dans le même temps où se déroulaient à Paris le Colloque International Artmédia VIII au CFCE, un colloque sur "Fluxus" à l'Ecole Nationale des Télécommunications et d'autres initiatives intéressantes à l'Université de Paris I avec Karen O'Rourke et à Paris VIII avec Jean-Pierre Balpe, cela voudrait-il dire, tout simplement, que la réflexion sur l'art ne se passe plus, décidément, dans les lieux de l'art ?

C'est justement la question que nous posons ici !

Mea Culpa, nous devons déplorer dans les intervenants du colloque quelques absences retentissantes, dont celle, par exemple, particulièrement criante, d'Antoine Moreau, dont le nom cité à plusieurs reprises, n'a jamais pu franchir, hélas ! le cap du consensus requis auprès du conseil scientifique. Egalement, celles de Christian Lavigne, de Jean-Pierre Giovanelli., de Miguel Chevalier et d'Olga Kisseleva. Beaucoup d'autres, encore, et non des moindre, auraient sans doute mérité d'être présents...Cependant l'intensité des communications, se suivant, tambour battant, à un rythme d'enfer, a bien montré, si jamais il en était nécessaire, que le temps imparti à ce genre d'événement, n'est malheureusement jamais extensible pour caser tout le monde.

Les actes du colloque, in extenso, seront publiés en mars 2003 dans la revue " Ligéia" (CNRS) dirigée par Giovanni Lista.

Fred Forest

NB : Monsieur Jean-Pierre Dalbéra, chef de la mission de la recherche et de la technologie au ministère de la culture et de la communication, attendu au colloque, comme visiteur de marque, n'est jamais arrivé à bon port (?) Il s'est certainement trompé de métro (?). Si jamais quelqu'un le rencontre, errant dans un couloir, prière de bien vouloir lui indiquer la sortie ou, en cas de refus réitéré de l'intéressé, le rapporter d'urgence au Bureau des objets trouvés, 36 rue des Morillons, 75015 Paris, Tél. 01 55 76 21 19, Fax 01 55 76 27 37 .

Merci pour lui.